En maternelle, mettre les élèves en atelier pour travailler va de soi. La configuration des activités demandées, l’aide apportée par la présence d’une ATSEM au sein de la classe, les objectifs du socle commun au cycle 1, permettent à l’enseignant d’organiser sa classe sous cette forme, et cela semble une évidence.
Au cycle 2, bien souvent la classe est organisée de manière frontale. Les tables font face à l’enseignant, généralement seul devant ses élèves.
Sans pour autant ne faire qu’un enseignement magistral, la pratique des ateliers en classe peut faire peur. La mise en groupe paraît difficile, que ce soit au niveau de l’organisation spatiale, que des activités demandées.
Pourtant, seulement quelques ajustements et un minimum d’organisation sont nécessaires à cette mise en place.
Pourquoi mettre les élèves en atelier au cycle 2
Avant de se lancer, et bien au-delà de l’effet de « mode » (assez tentant il faut bien le dire), il s’agit de se demander dans quel but organiser sa classe de cette manière, et être au clair avec soi-même.
L’arrivée en élémentaire peut parfois être brutale.
Changement d’école très souvent, d’environnement pédagogique, on leur demande plus d’autonomie, de moins bouger, de travailler seul face à leur table… La mise en atelier, et ce dès le premier jour de septembre, permet aux enfants de se sentir plus à l’aise et de retrouver un environnement familier.
C’est une prolongation du travail mis en place en GS. Ils savent faire, ils s’y retrouvent, et cela leur permet de commencer l’année de manière plus sereine.
Placer les élèves en ateliers au CE1 ou au CE2 doit se faire dès le début de l’année aussi. Les élèves n’étant plus habitués à cette organisation plongent ainsi dès le premier jour dans le grand bain, et acquièrent les règles de ce fonctionnement très rapidement.
Diversifier ses apprentissages plus facilement dans le courant de la journée.
Au cycle 2, l’élève a encore besoin d’activités courtes et variées. En prévoyant ses ateliers, on prévoit les différentes modalités d’apprentissages à offrir à ses élèves.
La formation de groupes de besoins, ou de groupes de niveaux…
…permettant à l’enseignant de différencier ses apprentissages au sein du groupe classe plus facilement qu’en grand groupe. L’organisation spatiale étant déjà mise en place, il ne reste plus qu’à différencier à l’intérieur de chaque atelier. La gestion de l’hétérogénéité est beaucoup plus simple qu’en frontal.
Un travail bien plus individualisé avec chaque élève. Cela permet à l’enseignant d’effectuer une remédiation bien plus adaptée, et plus concrète à l’instant T, et de constater au plus vite les besoins de chaque élève.
La mise en place de situations coopératives (travail en groupe).
Le travail en atelier permet des moments d’échanges, d’interactions entre les élèves, de partages aussi pourquoi pas (si l’on choisit par exemple de mettre le matériel en commun). Le travail en ateliers rend l’élève autonome face à lui même, et au monde qui l’entoure.
L’organisation spatiale
Travailler en ateliers implique de réorganiser sa classe de manière à pouvoir grouper les élèves. Des groupes de 5 ou 6, dans l’idéal, est le fonctionnement le plus pratique. Les tables, les chaises doivent être amovibles et permettre de changer la structure des groupes si besoin.
Pensez à un espace suffisant de circulation entre les groupes, aussi bien pour les élèves que pour vous même. Il est vrai qu’il faut une classe relativement grande. D’autant plus que les effectifs sont souvent chargés. Mais il y a toujours moyen d’organiser les choses.
Certains préféreront des tables face à face, d’autres en U. Tout dépend de votre espace, ou de vos besoins en tant qu’enseignant. Ne négligez pas votre bien être personnel aussi, et n’hésitez pas à modifier les choses le moment voulu si nécessaire. C’est peut-être le moment de vous pencher sur l’aménagement de classe flexible et de faire d’une pierre deux coups.
Les différents acteurs du secteur de l’enseignement, dont les directeurs d’établissements et les enseignants ne cessent de chercher les meilleures méthodes ...
Certains ateliers en classe peuvent être aussi des ateliers « plaisir ». Des tables sont réservées au travail autonome (« quand j’ai fini mon travail »), comme un atelier pâte à modeler, ou puzzle par exemple.
Les enfants y accèdent librement ou pas, nous détaillerons le fonctionnement possible plus bas. Elles seront placées généralement autour de la classe, afin de ne pas parasiter les groupes au travail.
Dans la mesure du possible, il est souhaitable de garder un coin regroupement quelque part dans la classe.
Les travaux collectifs sont essentiels pour, par exemple expliquer une notion, faire le bilan d’une activité, faire une lecture plaisir, ou plus particulièrement expliquer le déroulement des ateliers à venir. Le « groupe classe » ne doit pas être oublié.
Quelles activités mettre en place en ateliers ?
Une fois les tables installées, la question essentielle à se poser est comment gérer tout ça concrètement, et comment gérer les activités proposées aux élèves ?
- Un atelier peut être guidé. Il s’agira par exemple de proposer aux élèves une situation de découverte bien particulière, ou bien de s’occuper d’élèves à besoins particuliers et de profiter de cet ateliers pour être plus proche d’eux et des nécessités de leurs apprentissages. C’est l’atelier où l’enseignant a toute sa place, et qu’il ne doit pas quitter.
- Un atelier semi-guidé demandera de la part des élèves un minimum de travail personnel. Il s’agira d’une activité d’approfondissement, ou d’une activité pour laquelle ils auront le droit de venir demander conseil. Le guidage peut aussi se faire entre pairs, développant ainsi une certaine coopération entre les élèves, et un soutien à leur niveau.
- L’atelier en autonomie demandera une préparation particulière de la part de l’enseignant. Il s’agira de prévoir bien évidemment une activité que les élèves puissent faire seuls : un exercice d’application, de réinvestissement. C’est aussi l’occasion de présenter au groupe des activités de manipulations auto-correctives (en mathématiques, lecture, phonologie).
De nombreuses activités en autonomie sont proposées sur la plateforme.
Il suffit de parcourir le niveau que vous souhaitez pour les trouver.
Plus on avance dans le cycle 2, plus les élèves seront capables d’être autonomes et de faciliter le travail de l’enseignant auprès des élèves en plus grosses difficultés. En l’occurrence, l’enseignant peut aussi s’octroyer la liberté de circuler entre les différents groupes, et ainsi passer en phase d’observation des élèves, ou d’évaluation directe de chaque groupe d’atelier.
Le suivi des ateliers
Afin de s’assurer que chaque élève trouve sa place et de soit pas perdu au milieu des changements d’ateliers, il existe plusieurs outils exploitables en classe et lisibles par les élèves :
Le tableau récapitulatif :
il sera accroché au mur et lisible par toute la classe. Une colonne avec le prénom des élèves, une ligne comprenant la liste des ateliers. L’enseignant peut choisir lui même l’emplacement des élèves (dans le cadre de groupes de niveaux ou de besoins), mais l’élève peut lui-même y choisir sa place. Dans ce dernier cas, c’est à chaque élève de venir déplacer son étiquette, ou de faire une croix, un point en face de l’atelier choisi. C’est du sport, mais c’est aussi un bon moyen de les rendre autonomes et réfléchis face à leur travail.
La fiche de suivi individuelle :
elle listera les ateliers quotidiens, ou hebdomadaires. L’élève lui-même, ou l’enseignant viendra y cocher les ateliers faits, ce qui permettra à l’enfant d’avoir une vision globale de son travail, et de son organisation. Savoir où on en est, c’est savoir où on va !
Le plan de travail peut aussi être un outils agréable à mettre en place autour des ateliers. Il liste l’intégralité du travail à effectuer par l’élève (généralement à la semaine), et les ateliers peuvent y faire partie intégrante.
Quelques inconvénients !
Le bruit évidemment !
Placer les élèves en groupe c’est permettre une communication plus fluide entre pairs, permettre les échanges, les débats, mais aussi l’entraide et la coopération. Tout ceci demande aux élèves de communiquer entre eux afin de faciliter leur propre travail. C’est donc source de plus de bruit que le travail d’élèves placés en frontal. D’autant plus qu’en groupe, l’enseignant échappe plus facilement à leur regard.
De l’organisation !
Organiser la pédagogie en atelier en cycle 2 demande beaucoup de travail à l’enseignant au préalable. Il faut s’assurer de présenter aux élèves des activités qui correspondront aux besoins pédagogiques de l’instant, en s’assurant de n’avoir rien à improviser une fois les élèves au travail. Rien de pire qu’un groupe perdu face à son travail, c’est la catastrophe assurée. Adieu autonomie et prise en main individuelle. Alors que vous serez en atelier dirigé, vous vous retrouverez rapidement entouré d’une nuée de petites abeilles complètement désorientées.
La procrastination !
L’autonomie face au travail peut rapidement devenir source de procrastination. Assurez-vous que chaque élève se met bien au travail et fait ce qui lui est demandé. Il est nécessaire de mettre en place un suivi rigoureux des élèves afin que ce ne soit pas toujours les mêmes autour du même atelier et qu’ils le fassent correctement (en lien avec les objectifs de départ).
Quelques astuces…
Tout comme en maternelle, les élèves apprécieront d’appartenir à un groupe de couleur, ou un groupe aux noms d’animaux. Pensez à nommer vos groupes, ce qui vous permettra de gérer plus facilement un tableau récapitulatif mural par exemple. Les élèves s’y retrouveront aussi beaucoup plus facilement.
Pensez à limiter les ateliers « plaisirs », car ils deviennent vite source de conflits. Trois ou quatre dans la classe suffisent amplement. Et attribuez leur un certain nombre de places limitées à l’avance
Prévoyez un objectif très précis pour chaque ateliers, au risque sinon de vous y perdre vous-même…
Organisez dès le départ les modalités d’évaluation de l’atelier : auto-évaluation de l’élève ? Évaluation par l’enseignant ? A quel moment ?
Instaurez dès le départ une belle ambiance coopérative dans la classe. Inutile de s’obstiner à mettre en atelier des élèves qui ne s’entendront pas. Et profitez-en pour disperser dans chaque groupe les élèves plus « difficiles ».
Plus les élèves s’entraideront entre pairs, et moins vous aurez à intervenir dans chaque atelier.
Pensez régulièrement à réunir le groupe classe afin de faire le point sur les activités effectuées, sur les difficultés rencontrées, mais aussi les réussites. Cela vous permettra à votre tour de remédier aux situations d’échec le plus vite possible, et permettra aux élèves de prendre du recul sur leur travail.
Vous utilisez les ateliers en CP, CE1 ou CE2 ? Participez en commentaires :
Merci pour cet article, j’aimerais tester les groupes cette année, je vais donc m’en inspirer.
Merci pour cet article, j’ai envie de tester cette organisation mais avec 30 élèves, j’ai du mal à comprendre comment faire tourner les groupes.
Entant que maîtresse de deuxième langue le français alors j’aimerais bien m’indiquer comment changer les méthodes d’apprentissage pour créer un milieu tres vivant en classe
je suis tout à fait d’accord